Une étape normale
Comme rappelé dans Le Grand Livre de mon enfant (Éditions Eyrolles), la néophobie alimentaire est le refus des aliments nouveaux, notamment ceux ayant un goût prononcé. Elle concerne également les légumes et certains produits déjà familiers. C’est particulièrement déconcertant quand on est parent, mais un enfant qui s’est toujours régalé de purée de carottes pourra très bien refuser de toucher à ses carottes râpées. Des lasagnes pourront vous valoir de grands « beurk », alors que votre bambin adore les pâtes et le steak haché. Le moindre changement de recette peut ainsi faire passer un aliment connu pour une nouveauté.
Plusieurs explications possibles
Pour certains spécialistes, la néophobie alimentaire correspondrait à un phénomène de protection naturelle : à l’âge où il explore de plus en plus son environnement, l’enfant évite la nouveauté pour prévenir un éventuel empoisonnement. Une peur instinctive, héritée de la Préhistoire. Le rejet des légumes s’expliquerait alors par leur faible valeur nutritive et leur amertume. Dès le plus jeune âge, les enfants sont en effet capables de reconnaître au goût les aliments capables de rassasier leur faim, et ils ont une aversion pour les saveurs amères. Enfin, nous n’avons pas tous la même sensibilité au niveau des récepteurs du goût. Plus elle est développée, plus l’enfant risque de se montrer difficile.
Une façon de s’affirmer
Repousser son assiette, c’est aussi pour un enfant en pleine crise d’opposition (le fameux « terrible two ») une façon d’affirmer sa personnalité. D’où l’intérêt de ne pas se braquer, sous peine de transformer chaque repas en conflit. Il existe plein d’autres stratégies pour traverser cette phase, comme faire participer votre bambin à l’élaboration des repas ou jouer avec la présentation dans l’assiette.
3 enfants sur 4 rejettent la nouveauté
La seule enquête française réalisée sur la néophobie alimentaire remonte à 1994. On peut toutefois parier que ses résultats sont toujours d’actualité. D’après cette étude menée auprès de 600 mères d’enfants âgés entre 2 et 10 ans, 77 % d’entre eux présentent une néophobie alimentaire, à un degré plus ou moins marqué.